jeudi, avril 21, 2011

« LA CITÉ DU FATICANT »

Entendre un propos construit, réfléchi qui s'élève contre le populisme crasse qui nous intoxique est un moment à marquer d'une pierre blanche. Je suis donc très fière d'avoir la permission de publier cette lettre ouverte à Jean Tremblay. C'EST À LIRE!!!!!!


Est-ce que Saguenay est une ville plus catholique que les autres? Il est permis d’en douter, puisque que la moitié des églises de la municipalité sont désaffectées. Mais depuis que Jean Tremblay en est le maire, on peut dire que Saguenay est devenue la « Cité du Faticant ». Le maire Tremblay n’est pas un cas banal. Pour qualifier son personnage, il faut recourir à un nouveau concept : le dogme de l’infaillibilité municipale. Il ne serait pas surprenant que les membres du Conseil municipal – « Conseil médiéval » conviendrait peut-être ici d’avantage – finissent par canoniser Jean Tremblay de son vivant. Ce serait l’occasion de transformer l’Hôtel de Ville de Saguenay en Oratoire. Les pèlerins viendraient de partout afin d’admirer le Souverain Pontifiant en personne, Jean Tremblay, le pape de la rue Racine. Ce serait sûrement bon pour l’économie de la ville. De temps à autre, le Conseil Médiéval se réunirait en grand « concave » dans la Cité du Faticant. Et puis, avec un peu de chance, nous aurions peut-être même droit à un nouveau concile : Faticant 2. Imaginez : la ville «la mieux gérée du Québec», la «cité modèle» , la ville sainte de Jean Tremblay! Mais trêve de plaisanteries.

C’est sans surprise que j’ai appris la décision du maire Tremblay d’interjeter appel du jugement du Tribunal des droits de la personne lui ordonnant de cesser de réciter la prière publique avant les séances du Conseil municipal et de retirer les objets de culte de la salle du Conseil. Bien que partageant moi-même la foi catholique, la prétendue croisade de Jean Tremblay en faveur de la prière ne me plaît pas. Je m’explique.

Je souligne d’abord que nous avons la chance de vivre dans un pays où la liberté de conscience et de religion est reconnue comme un droit fondamental pour tout individu. Ceci signifie que chacun possède le droit de choisir sa religion et ses croyances selon ses propres convictions. Nous avons aussi la chance de vivre dans un pays démocratique. Mais la démocratie ne donne pas le droit à la majorité d’imposer sa religion au reste de la société – ou à qui que ce soit, d’ailleurs – puisque ceci violerait le droit à la liberté de conscience, qui constitue un droit individuel fondamental. Les droits individuels fixent donc des limites à ce que peut faire la majorité dans une démocratie. La démocratie n’est pas synonyme de dictature de la majorité. Ainsi, en tant que citoyen, Jean Tremblay a le droit suspendre des crucifix sur tous les murs de sa maison, et d’y installer des statues du Sacré-Coeur dans toutes les pièces; il peut réciter le chapelet dix fois par jour, s’il le juge à propos. Toutefois, l’Hôtel de Ville de Saguenay n’est pas la maison de Jean Tremblay, ni celle des catholiques. L’Hôtel de Ville est la maison de tous les citoyens de Saguenay, les catholiques comme les autres. L’Hôtel de Ville doit donc être un milieu neutre du point de vue religieux. Dans le cadre de ses fonctions de maire de Saguenay, Jean Tremblay a le devoir d’adopter une attitude de stricte neutralité religieuse : il ne doit favoriser aucune religion – y compris la sienne – aux dépends des autres croyances. Cette neutralité n’est pas antireligieuse; bien au contraire, elle résulte du profond respect qui est dû à la liberté religieuse de tous les citoyens.

Je soutiens ensuite que la position du maire Tremblay ne s'inspire pas de l’Évangile de Jésus Christ. Je sais que cette affirmation peut paraître étonnante. Mais Jésus nous a laissé la Règle d’or : « Ce que vous voulez que les hommes fassent pour vous, faites-le pareillement pour eux » (Lc 6, 31). Autrement dit, traite les autres comme tu voudrais être traité et ne fais pas aux autres ce que tu ne voudrais pas qu'on te fasse. On peut tirer de la Règle d’or cette conclusion : « n’impose pas ta religion aux autres puisque tu ne voudrais pas que les autres t’imposent leur religion ». Jésus a dit aussi : « Et quand vous priez, n’imitez pas les hypocrites : ils aiment, pour faire leurs prières, à se camper dans les synagogues et les carrefours, afin qu’on les voie. Pour toi, quand tu pries, retire-toi dans ta chambre, ferme sur toi la porte, et prie ton Père qui est là, dans le secret; et ton Père, qui est dans le secret, te le rendra » (Mt 6, 5-6).

Je termine sur cette pensée de Blaise Pascal, qui constatait que « Les hommes ne font jamais le mal si complètement et joyeusement que lorsqu’ils le font par conviction religieuse ». Toute l’histoire de l’humanité montre que les querelles religieuses ont été – et sont encore de nos jours – à l’origine de tragédies innombrables : guerres, massacres, persécutions, injustices et souffrances de toutes sortes. Ne dit-on pas qu’il faut tirer des leçons de l’histoire? Or, l’une de ces leçons, c’est que la politique et la religion forment un bien mauvais ménage. Que chaque individu adopte donc les croyances religieuses qui lui paraissent appropriées, et qu’on laisse l’État – qui est le bien de tous – neutre du point de vue religieux. C’est encore la meilleure façon d’éviter les disputes et de respecter les croyances de tous.

Jean-François Tremblay, M.A.

Alma

jeudi, avril 07, 2011

Un trou de balle dans la tête et le vent l'emportera

« L'homme de théâtre Wajdi Mouawad a invité Bertrand Cantat à jouer dans une de ses pièces qui sera présentée au Québec en 2012. Le gouvernement conservateur a annoncé que s'il est réélu, Bertrand Cantat n'obtiendrait pas le droit d'entrer au pays "

Appelée à commenter la nouvelle la trèèèèèèèèès brillante Josée Verner toujours aussi éloquente s'est exprimée ainsi : "on avait besoin de ça comme un trou de balle dans la tête" Dieu qu'elle s'exprime bien cette dame, pas étonnant qu'elle soit ministre du Gouvernement conservateur.

Bon j'abandonne pour un instant mon ton lourdement sarcastique pour donner libre cours à ma colère et à mon écœurement.

QUELLE HYPOCRISIE!!!

Depuis son arrivée au pouvoir, le gouvernement conservateur a coupé les fonds à une foule de programmes sociaux et communautaires qui venaient en aide aux femmes en situation de difficulté. Ils se sont érigés en espèce de gardien d'une morale rigide dispensant les deniers là et seulement là ou leur sacro-sainte morale était respectée.
M. Harper, vous n'avez peut-être jamais tapé sur la gueule d'une femme, mais vos actions ont directement empêché bien des femmes violentées de trouver refuge dans un endroit sécuritaire puisque vous aviez coupé les fonds à l'organisme communautaire qui le dirigeait. Vous n'avez de vos blanches mains causé la mort de personne, mais les rangs des exclus et des déshérités de la société se sont gonflés de façon immonde sous votre régime. Et je ne parle même pas des femmes des pays africains que vous abandonnez maintenant à leur sort, parce que votre morale vous interdit de financer des programmes de contraception et d'avortement.

Et vous, vous n'irez JAMAIS en prison pour payer vos crimes.

Alors, arrêtez de démoniser Bertrand Cantat. Je suis la dernière personne au monde à excuser les hommes violents. J'ai pleuré longtemps la mort de Marie Trintignant, mais aussi celles des autres inconnues dont on parle moins. Si le Canada laisse entrer les dirigeants de certains pays où l'on pratique couramment la torture, si le Canada fait affaire avec la Chine et ses violations constantes des droits de la personne, comment peut-il se poser en grand officier de la moralité.

Et honte à toi Gille Duceppe qui fait la pute avec les autres.

Bertrand Cantat a commis un geste horrible, il est allé en prison, il a purgé sa peine, il est sorti de prison.

Je ne souhaite pas que l'on fasse de lui un symbole dans un sens ou dans l'autre. Et c'est qui est en train d'arriver avec ce cirque médiatique. Quand la présidente du conseil du statut de la femme déclare que la présence de Bertrand Cantat sur la scène au Québec banaliserait la violence faite aux femmes, on comprend devant une déclaration aussi convenue qu'elle n'a pas le choix de dire ça.

La majorité des gens que je connais sont contre la peine de mort, mais ne réalisent pas toujours que cela implique qu'une fois que les gens ont purgé leur peine, ils ont le droit de reprendre leur vie.

Si Bertrand Cantat était un travailleur humanitaire, est-ce qu'on lui refuserait le droit de venir travailler au Canada? En tout cas, personne ne pourrait se faire de capital politique sur son dos c'est certain.

Ceux que sa présence dérange n'auront qu'à exercer leur libre arbitre et ne pas assister à la pièce de Wajdi Mouawad. ça s'appelle une démocratie. Mais des fois j'ai l'impression qu'on est en train d'oublier ce que ça veut dire.