lundi, novembre 27, 2006

Le débat, le Québec et Jean-Jacques Rousseau-

Je m’éloigne peut-être un peu de mon sujet, mais je crois qu’au cœur de toute démarche artistique, se retrouvent des principes de réflexions et de débats des idées.

J’ai donc eu envie d’écrire sur la place du débat dans la société québécoise.

On entend souvent, et je suis la première à le dire, que les québécois ne savent pas discuter. Pour préciser un peu cette affirmation je dirais que les québécois ont tendance à rapidement adopter un point de vue, une vérité qu’ils considèrent comme absolue et à ne plus en déroger.

Les positions récentes de Mario Dumont sur l’accommodement raisonnable ont soulevé un tollé. Comment cet hurluberlu trop bien coiffé osait-il proféré pareilles insanités? Comment osait-il attaquer les fondements même de notre société tolérante et inclusive et pis on est tellement fins et tout et tout.

Loin de moi l’idée de souscrire aux idées avancées par notre cher Adéquiste, mais n’est-il pas intéressant de permettre aux uns et aux autres d’exprimer des idées controversées justement pour alimenter le débat ?
Ne faut-il pas au contraire assurer l’ouverture du débat sur des questions aussi fondamentales pour la société. Pourquoi faut-il clouer au pilori toutes personne qui s’écartent du chemin des bien-pensants. Il me semble que nous avons peur de discuter et surtout qu'il est catastrophique d'exprimer une opinion discordante.

Hier,à la radio de Radio-Canada, Joël Le Bigot posait justement cette question au philosophe Jacques Dufresne du magazine l’AGORA. J’ai été interpellée par son point de vue et j’ai entrepris de revisiter Jean-Jacques Rousseau.

Pour ce qui est du débat au Québec, Jacques Dufresne pense que nous devons débattre, mais que nous devons revenir à la volonté générale de Jean-Jacques Rousseau. Le philosophe des Lumières constatait deux évidences : tous les hommes sont doués de raison et la raison veut la justice. Mais pour que la raison s'exprime, il faut que la passion soit absente des débats et que les débatteurs soient indépendants. « Donc, il y a de fortes chances que le grand nombre soit plus sage que l'élite », mentionne Jacques Dufresne.
Voilà ce qui nous manque souvent, la faculté de nous dégager de nos passions et d’approfondir le sujet que l’on défend. Qu’y a-t-il au-delà des idées reçues ? Quels sont les véritables enjeux d’une question sociale ? Au delà de l'affirmation lancée par les journaliste, par le chanteur, l'acteur ou la vedette du moment, quels sont les faits??
Jacques Dufresne propose d'encadrer la démocratie directe, de permettre à la raison de s'exprimer. À son avis, les débats au Québec sont intéressants, mais ils sont mal encadrés.

Jean-Jacques Rousseau disait :
Renoncer à sa liberté c’est renoncer à sa qualité d’homme, aux droits de l’humanité, même à ses devoirs.
Du contrat social, I, 4.

J’ajouterais que renoncer à débattre intelligemment, dégagés de nos passions, c’est aussi renoncer à notre qualité d’humain. Et c'est renoncer à nos devoirs de citoyens

vendredi, novembre 24, 2006

Philippe Noiret est mort

Philipe Noiret est mort et je suis triste, ou plutôt devrais-je dire, je suis doucement mélancolique.
Depuis l’annonce de sa mort hier je repense à ses films, à ceux qui m’ont marquée. Ils sont nombreux !

Plusieurs années après sa sortie je me rappelle avoir vu Zazie dans le Métro. C’était un de mes premiers contacts avec l’univers de Queneau et je me souviens être sortie du cinéma dans un état d’enchantement surréaliste. C’était probablement mon premier film avec Noiret et je suis tombée sous le charme de la voix, et le charme ne s’est jamais rompu depuis.

Alexandre le bienheureux se place parmi les films que j’ai vu et revu le plus souvent dans ma vie. J’étais totalement séduite par la liberté de la paresse d’Alexandre, sa façon si charmante d’appeler son chien : ‘’ Le chien, le chien’’, sans parler de l’ingéniosité de ce chien justement, pourvoyeur sans reproche et gardien redoutable de la quiétude de son maître. La fuite d’Alexandre devant les liens du mariage me procurait à chaque fois un sentiment de soulagement, de péril évité de justesse.

Et puis tous les autres films, Le vieux fusil qui m’a tant émue, Que la fête commence , Les palmes de monsieur Schultz, Grosse fatigue, Cinéma Paradisio et tant d’autres. Sa filmographie est impressionnante et je n’en dresserai pas la liste ici. Ces films où il a été tout à tour, touchant, tragique, comique énervant, je me les rappelle si clairement.

Et cette vois qui me faisait fondre, je suis bien heureuse qu’elle nous reste par la magie du Cinéma, bien heureuse qu’elle continue à séduire et à toucher des gens maintenant et ceux qui sont encore à naître et qui eux aussi un jour peut-être tomberont sous le charme à leur tour.

Bon voyage monsieur Noiret