mardi, octobre 31, 2006

Mais vous savez, comme dit l’autre, il faut bien rire un peu.

J’habite la très belle Ville de Québec et je voyage en autobus tous les jours. C’est un de mes grands plaisir dans la vie, de me fondre complètement dans mon environnement, de flotter dans une bulle collective en laissant les bruits divers, les conversations décousues m'envahir. Or, j’ai remarqué récemment un phénomène, sûrement pas si nouveau: l’usage épidémique des IPOD et autre isolateurs d’humanité. Une personne sur deux, qui montent dans l’autobus est affublé du petit fil blanc qui longe leur cou et se perd dans leurs oreilles.

Je ne veux pas être réac, mais je trouve éloquente cette propension de l’humain à s’isoler toujours plus efficacement. Avec les IPOD, MP3 et tutti quanti, les gens transportent avec eux leur bulle personnelle, se retirent complètement de l’espace commun. À preuve ces deux jeunes hommes que j’ai vus monter dans le bus l’autre jour. Les écouteurs fermement enfoncés dans le pavillon meurtri de leurs oreilles, ils se sont assis côte à côte. Ils se connaissaient peut-être, mais ils ne se regardaient pas. Chacun isolé dans son monde, ils balançaient énergiquement la tête au son de rythmes différents et ânonnaient silencieusement les paroles de chansons obscures. On aurait dit deux fous évadés d’un asile burlesque, comme on en voit dans les films. Il y aussi cet autre jeune homme assis seul l’air totalement hilare, la face fendue d’un rire silencieux d’abord, puis qui n’a pas pu s’empêcher de rire fort une fois ou deux jusqu’à ce qu’il réalise qu’il était dans l’autobus et que je le regardais avec un petit sourire en coin.

Et puis il y a la cacophonie, les sons d’heavy métal, de techno, de house et de musique poche tout court, qui s’échappent des écouteurs et se mêlent pour former un espèce de bruit ambiant discordant. Je croyais que le but des écouteurs était de garder POUR SOI la musique qu’on écoute. Bon je sens que je commence à faire vieille tarée qui n’est plus dans le coup alors je m’arrête ici. Mais, si ce phénomène m’a bien fait rigoler sur le coup, je me suis vite demandée à quelles conversations j’allais bien pouvoir prêter une oreille indiscrète dans l’autobus si plus personne ne se parle.

samedi, octobre 28, 2006

Martin Dufrasne

Comme je l’ai déjà écrit dans un billet précédent, le courage qui fait parfois partie de la démarche artistique me touche particulièrement. Parmi les œuvres dont le propos, l’esthétique, l’audace et ….. le courage m’ont touchée, il en est deux qui m’habitent encore. Ce sont deux œuvres d’un même artiste : Martin Dufrasne. Une que je n’ai pas vue, mais dont nous avons abondement discutée Martin et moi lors de sa préparation, et l’autre que j’ai vue plusieurs fois lors de son exposition il y a quelques années.


L'art actuel, monnaie d’échange, troc gratuit?



Se refaire un salut
est l’exposition de Martin Dufrasne que je n’ai pas vue. Martin y étalait au sol ses possessions - disques compacts, vêtements, lettre et photos personnelles. Il proposait au public un échange : prendre un de ses biens contre un autre de même nature. Un troc, un échange, une conversation en quelque sorte. Un espace de négociation qui a provoqué des situations cocasses, touchantes et même presque tragiques. Car ce travail de Martin, ne faisait aucun compromis, les objets proposés au public n’était pas triés, on n’y avait rien retiré, il n’existait pas de lieu protégé où cacher les objets intimes secrets, révélateurs du passés des amours, des victoires et des défaites. C’est ça qui m’a bouleversée et qui me bouleverse encore : se dévoiler au monde et attendre de voir ce qu’il dévoilera en retour, présenter ses souvenirs ses photos, les lettres de ses amants comme la monnaie d’un échange qui ne peut être qu’inéquitable. Se défaire de ses secrets et de ses souvenirs. Quel courage faut-il pour se placer dans un espace public, sans recoin ou pièce fermée où l’on pourra se réfugier



Mon Régime
Dans cette oeuvre, Martin Dufrasne construit un récit, il récapitule l’histoire de 10 ans de vie d’artiste. Agglomérés en un immense cube posé sur le plateau d'une balance toute aussi immense, se trouvent des pièces, des matériaux des objets rappelant tout le travail d'un décennie. Le madrier reliant les deux plateaux de la balance est posé en équilibre sur les cahiers d'artiste de Martin, tandis que le deuxième plateau est occupé par son lit . Le balant entre le travail, l'inspiration et la paresse, la fuite.

Dufrasne explore ses lignes directrices, ses lignes plus floues, ses égarements. Il condense en une immense agglomération de mementos dix années de pratique artistique, il en fait la synthèse, mais encore une fois il la présente sans artifice ni faux-fuyants. 10 années de conviction et d’errance, d’abandon, 10 ans de succès et de flops. Il se ramasse sur lui-même, condense son passé pour mieux sauter dans le futur.


Le titre n’est évidemment pas anodin, MON RÉGIME parle d’une hantise qui plane sur l’œuvre de Dufrasne : la tyrannie de la consommation. Celle qui nous bouffe et nous fait bouffer, celle qui épuise et menace la survie de notre progrès. S’interroger sur sa ligne,s’interroger sur MON RÉGIME

Dufrasne nous demande : À quoi se mesure l’appétit? La faim de l’Art.

Ne manquer pas mon prochain billet : CARL ET MARTIN, CÉLÈBRE DUO DE…………………

jeudi, octobre 19, 2006

Tout ce que j’aimais….

Parlons littérature. J’ai lu récemment Tout ce que jamais, de Siri Hustvedt. Un bon roman, touchant vivant. Mais ce qui m’a le plus fascinée dans cet ouvrage, c’est la quantité de descriptions d’œuvres d’art contemporain fictives. On comprend mieux cette particularité quand on sait que l’auteur est critique d’art.

Mais quand même, je lisais les descriptions des œuvres; tableaux, installations vidéos et je les voyais surgir devant moi. Les couleurs et les sujets devenaient tangibles. Talent d’écrivain, cela est évident, mais n’y a-t-il pas là également un certain talent d’artiste. En effet, quel est l’espace qui sépare l’idéation de la réalisation. Je comprends bien que la réalisation est essentielle à l’art………….Mais… l’est-elle vraiment?

La démarche, la réflexion, le propos, tout ce qui constitue en grande partie une œuvre se retrouve dans la période de conception virtuelle. Suffirait-il finalement , d’imaginer, de rêver l’art???