vendredi, août 22, 2008

il était une fois un garçon curieux....

Si l'arbre tombe dans la forêt et qu'il n'y a personne pour l'entendre, fait-il du bruit?
Si un artiste produit des oeuvres qu'il ne montre jamais, est-il vraiment un artiste? est-ce de l'art?

Cette dernière question a souvent fait l'objet de discussions entre Loverman et moi.

Je vais donc défendre ma position et il s'arrangera bien avec la sienne.
Je crois qu'une partie essentielle de ce qui prête à l'art sa réalité, sa portée, son aspect essentiel à la vie et à l'évolution sociale, c'est le fait qu'il soit vu, lu, entendu, touché. Donc le rôle du spectateur est une partie intrinsèque de l'oeuvre.
De là l'importance de cultiver notre curiosité, notre sens de la découverte et de se prêter le plus souvent possible à des expériences déroutantes, déconcertantes, touchantes et très souvent dérangeantes.

En réfléchissant à la curiosité et à l'ouverture à l'inconnu je pense tout de suite à mon ami JPG que j'appelle aussi l'éternel ado à binocles (ceci est une appellation contrôlée). L'EAAB (éternel ado à binocles) est un homme qui a célébré plusieurs fois l'anniversaire de son adolescence éternelle et il demeure probablement l'homme le plus allumé et le plus curieux que je connaisse et croyez-moi, j'en connais des pas pire allumés!

Je suis toujours émerveillé par l'indéfectible faculté d'émerveillement de l'EAAB. Comme un gamin avide de découvrir les choses pour la première fois, il est toujours disponible, parcourant les salles d'expositions et de spectacles, les centres d'artistes et les galeries, de la trèèèès belle ville de Québec et d'ailleurs.
Il se lance au devant de l'incongru et ose l'impertinent. Par l'expression de ses idées, de ses vues sur le travail de beaucoup d'artistes actuels, sur les ondes radiophoniques* ou dans les revues d'art, il donne une voix à l'art et aux artistes et titille le cerveau de ses semblables. Infatigable il nous harangue et nous fouette la paresse décadente pour nous amener, à jouir comme lui, du beau, de l'horrible, du génial et de l'amer.

Si j'ai envie de vous parler de lui aujourd'hui, c'est que je rencontre trop souvent des blasés, des revenus de tout, et des, oh incroyable infamie, qui trouvent la vie platte!. Il faut vouloir quand même pour s'emmerder dans la vie!
À tout ceux là j'ai envie de crier: suivez les traces de mon EAAB, pour une fois aventurez-vous sans protection sur les terrains inconnus, vous n'attraperez pas de maladie, sauf peut-être la fièvre de l'art, l'accoutumance à la réflexion.


De retour sur les ondes de CKRL 89,1 en septembre; l'Aerospatial, l'émission 100% art actuel

mercredi, août 06, 2008

20 fois sur le métier...


Mon frère, Lil'brotha et sa jolie amoureuse Miss J, sont venus me visiter il y a quelques jours. Comme toujours nous avons parlé de choses profondes et refait le monde autour de quelques bouteilles de vin pour s'étonner au réveil que rien n'ait changé.

Blague à part, nous avons bien parlé, et une de ces conversations me trotte encore dans la tête. En parlant d'une pièce de
BGL exposée dans le cadre des Jardins Éphémères à la place du 400e dans la trèèèèès belle ville de Québec, Loverman nous apprenait que le dynamique trio avait déjà réalisé une oeuvre du même genre
.

Première réaction; légère déception, oui la pièce est belle, mais elle n'est pas tout à fait originale, c'est en quelque sorte la répétition d'une autre. Nous avons l'impression que l'oeuvre n'a plus la même beauté, le même impact.

Vraiment?? et pourquoi donc?

Je me questionne: pourquoi exigeons-nous des artistes qu'ils nous offrent sans cesse du nouveau, de l'inédit? En partant du principe que l'artiste, particulièrement en art actuel, travaille sur le sens et la forme, ne peut-on pas accepter qu'il procède de la recherche et de la répétition du geste pour arriver à exprimer exactement son propos, ou son esthétique?

Ondinnok tente depuis près de 30 ans de donner une nouvelle voix au théâtre amérindien. Depuis 30 ans, finalement, ils travaillent essentiellement sur le même propos. Bien sûr les mots employés ont changé et le portrait tracé a changé de couleur, mais le fond, le sens restent les mêmes.

Autre exemple; Andy Goldsworthy, artiste écossais, qui pratique le land art et l'art éphémère, répète en quelque sorte les mêmes formes , cercle. ligne, depuis de nombreuses années. Son travail au fil des ans inscrit ces formes dans divers environnements, explorant ainsi toutes les variations du propos, de l'esthétique.


Je crois qu'un artiste est aussi un chercheur, et que la répétition du geste est parfois nécessaire à l'accomplissement de la quête. Comme dans une expérience scientifique que l'on reproduit maintes fois en modifiant les variables. Ce qui devient difficile à discerner dans l'oeuvre, c'est le moment où la répétition devient de la complaisance, le point précis où cesse la réflexion et où commence l'automatisme confortable.

Une autre belle réfléxion à poursuivre.


toutes les images représentent des oeuvres de Goldsworthy