mardi, mai 27, 2008

Comme un air de Country

Les murs de cet appartement sont trop fragiles. Trouant le silence morne, le voisin sourd comme un pot, gémit un air de country.
La complainte mélancolique d'un déraciné qui crève de retourner d'où il vient: "There's no place like home"
Les jours s'affalent un après l'autre, épuisés d'ennui.

Ils meurent silencieusement.

Alors vient la nuit, le sommeil clément, rempli de rêves. Parfois au matin, encore dans l'euphorie des chimères, je me sens pleine de joie, puis je m'éveille tout à fait.
Comme un malade trop longtemps alité, j'ai perdu le réflexe des gestes anodins, je me sens malhabile au quotidien. La texture plane des jours brouille mon esprit , comme un vertige au bord du vide.
Il faut être patiente, je ne suis pas patiente.
La lenteur du mouvement m'exaspère et me paralyse.

Mais voilà la flamme tremblante, hésitante, qui s'étire et illumine le mur.
De quelle aventure dois-je remonter le cours?
Cela commence avec l'espoir et le désir.

Big Sista -

mardi, mai 20, 2008

Utopic portrait of Identity ou l'horreur subblimée

"Trois cents crimes parfaits
C’est peut-être l’affaire la plus abominable de l’histoire criminelle de tous les temps. A Ciudad Juárez, ville frontière du nord du Mexique, jumelle d’El Paso (Texas), plus de 300 femmes ont été assassinées selon un rituel immuable : enlèvement, torture, sévices sexuels, mutilations, strangulation. Depuis dix ans, au rythme moyen de deux cadavres par mois, des corps de femmes, d’adolescentes et de fillettes, nus, meurtris, défigurés, sont découverts dans les faubourgs de la ville maudite. Les enquêteurs les plus sérieux pensent qu’il s’agit de l’oeuvre de deux « tueurs en série » psychopathes. Mais qui demeurent introuvables
.".. extrait du Monde Diplomatique Aout 2003"

Cette histoire est horrible, pour tout le monde, mais quand on est femme le sentiment de vulnérabilité et d'injustice est peut-être encore plus grand. Tout semble avoir été dit sur ce drame.Que peut-on ajouter?

Dans le cadre de la Manif D'Art 4, la jeune artiste mexicaine Mayra Martell Rodriguez, propose avec une douceur infinie, avec une tendresse désarmante, un portrait de cette absence, de ces femmes disparues qui ont laissé derrière elles des êtres chers, et des souvenirs fragiles de leur vie et de leur disparition. L'artiste a choisi de photographier les couvres-lits de certaines de ces femmes, Grande photos colorées, accrochées au mur, comme un collage naïf qui esquisse leurs présences passées. Dans une autre photo, un vêtement de femme vide, gisant à plat sur un petit lit dans une chambre sombre, le corsage abandonné, les seins qui ne gonflent plus le tissu. Tout l'irrémédiable de la mort. Ces images éloquentes nous raconte avec retenue et nuances, une histoire de monstre.
Ce portrait si sobre et poignant des ces identités perdues m'a émue au plus haut point. Il y a tant de façon de raconter l'horreur, Mayra Martell Rodriguez l'a fait avec pudeur en évitant tous les écueils du sentionnalisme qui pourri nos esprits.

Après la disparition, quand cessons-nous d'exister?

Mayra Martell Rodriguez (Chihuahua, Mexique) Utopic Portrait of Identity






mercredi, mai 07, 2008

Le Féminisme est mort.. Vive le Féminisme


Dans mes lectures des dernières semaines sur l'art et le féminisme j'ai découvert bien des choses intéressantes. Toutes sortes de réflexions sur le rapport au corps, sur les rôles sociaux des femmes, sur l'occupation du territoire ect.. Un vaste terrain sur lequel je me suis épivardée, et peut-être aussi un peu égarée. Le sujet est vaste et comme je ne veux pas tranformer ce blog en thèse de doctorat, je vous livrerai mes réfléxions sur le sujet au fil des billets.

La chose la plus étonnante que j'ai découvert au cours de ces recherches, et celle qui m'attriste le plus, c'est que TOUTES les femmes de mon entourage à qui j'ai posé la question: Te considères-tu féministe? m'ont répondu: NON.

Donc à part mes amies C et L, les femmes de mon entourage tournent le dos au féminisme. Le prétexte invoqué est le côté dépassé du féminisme. On y associe encore le comportement radical des féministes de la première heure qui ont crystallisé la cause dans une lutte entre hommes et femmes, et où les hommes tenaient toujours le rôle des méchants. Cette lutte de la première heure a été nécessaire. On est ailleurs maintenant, et nous pouvons rejetter cette approche, mais il n'en reste pas moins que si les femmes d'aujourd'hui peuvent se permettre de dire que le féminisme n'est plus nécéssaire, elles peuvent en remercier ces "folles"! qui ont brûlé leur soutien-gorge et qui ont crié haut et fort: Les Fées ont soif!

Cette image caricaturale du féminisme est dépassée depuis longtemps, mais ça fait l'affaire de bien du monde de la maintenir vivante. Le féminisme a franchi moults étapes depuis, étapes que l'on semble occulter. Je crois qu'il faut redéfinir le féminisme, pour que le mot retrouve ses lettres de noblesse. Les revendications d'aujourd'hui sont plus nuancées moins tranchées qu'à l'époque, mais il est illusoire de penser que tout est gagné et surtout illusoire de croire que ce qui a été gagné ne peut pas être perdu à nouveau .

Finalement à tous ceux et celles considèrent que le féminisme n'est plus de rigueur je rappelerai les dernières statistiques économiques de Statistique Canada: en 2007, les jeunes femmes de moins de 30 ans , gagnaient 15% de moins que les hommes du même âge.

À travail égal, salaire égal!!:
la lutte est-elle vraiment terminée??
Photo: Jana Sterbak Vanitas: Flesh Dress for an Albino Anorectic, 1987
mannequin, flank steak, salt, thread,
color photograph on papermannequin 62.25 x 16.5 x 11.875 inches
T.B. Walker Acquisition Fund, 1993