Le débat, le Québec et Jean-Jacques Rousseau-
Je m’éloigne peut-être un peu de mon sujet, mais je crois qu’au cœur de toute démarche artistique, se retrouvent des principes de réflexions et de débats des idées.
J’ai donc eu envie d’écrire sur la place du débat dans la société québécoise.
On entend souvent, et je suis la première à le dire, que les québécois ne savent pas discuter. Pour préciser un peu cette affirmation je dirais que les québécois ont tendance à rapidement adopter un point de vue, une vérité qu’ils considèrent comme absolue et à ne plus en déroger.
Les positions récentes de Mario Dumont sur l’accommodement raisonnable ont soulevé un tollé. Comment cet hurluberlu trop bien coiffé osait-il proféré pareilles insanités? Comment osait-il attaquer les fondements même de notre société tolérante et inclusive et pis on est tellement fins et tout et tout.
Loin de moi l’idée de souscrire aux idées avancées par notre cher Adéquiste, mais n’est-il pas intéressant de permettre aux uns et aux autres d’exprimer des idées controversées justement pour alimenter le débat ?
Ne faut-il pas au contraire assurer l’ouverture du débat sur des questions aussi fondamentales pour la société. Pourquoi faut-il clouer au pilori toutes personne qui s’écartent du chemin des bien-pensants. Il me semble que nous avons peur de discuter et surtout qu'il est catastrophique d'exprimer une opinion discordante.
Hier,à la radio de Radio-Canada, Joël Le Bigot posait justement cette question au philosophe Jacques Dufresne du magazine l’AGORA. J’ai été interpellée par son point de vue et j’ai entrepris de revisiter Jean-Jacques Rousseau.
Pour ce qui est du débat au Québec, Jacques Dufresne pense que nous devons débattre, mais que nous devons revenir à la volonté générale de Jean-Jacques Rousseau. Le philosophe des Lumières constatait deux évidences : tous les hommes sont doués de raison et la raison veut la justice. Mais pour que la raison s'exprime, il faut que la passion soit absente des débats et que les débatteurs soient indépendants. « Donc, il y a de fortes chances que le grand nombre soit plus sage que l'élite », mentionne Jacques Dufresne.
Voilà ce qui nous manque souvent, la faculté de nous dégager de nos passions et d’approfondir le sujet que l’on défend. Qu’y a-t-il au-delà des idées reçues ? Quels sont les véritables enjeux d’une question sociale ? Au delà de l'affirmation lancée par les journaliste, par le chanteur, l'acteur ou la vedette du moment, quels sont les faits??
Jacques Dufresne propose d'encadrer la démocratie directe, de permettre à la raison de s'exprimer. À son avis, les débats au Québec sont intéressants, mais ils sont mal encadrés.
Jean-Jacques Rousseau disait :
Renoncer à sa liberté c’est renoncer à sa qualité d’homme, aux droits de l’humanité, même à ses devoirs.
Du contrat social, I, 4.
J’ajouterais que renoncer à débattre intelligemment, dégagés de nos passions, c’est aussi renoncer à notre qualité d’humain. Et c'est renoncer à nos devoirs de citoyens