Mais vous savez, comme dit l’autre, il faut bien rire un peu.
J’habite la très belle Ville de Québec et je voyage en autobus tous les jours. C’est un de mes grands plaisir dans la vie, de me fondre complètement dans mon environnement, de flotter dans une bulle collective en laissant les bruits divers, les conversations décousues m'envahir. Or, j’ai remarqué récemment un phénomène, sûrement pas si nouveau: l’usage épidémique des IPOD et autre isolateurs d’humanité. Une personne sur deux, qui montent dans l’autobus est affublé du petit fil blanc qui longe leur cou et se perd dans leurs oreilles.
Je ne veux pas être réac, mais je trouve éloquente cette propension de l’humain à s’isoler toujours plus efficacement. Avec les IPOD, MP3 et tutti quanti, les gens transportent avec eux leur bulle personnelle, se retirent complètement de l’espace commun. À preuve ces deux jeunes hommes que j’ai vus monter dans le bus l’autre jour. Les écouteurs fermement enfoncés dans le pavillon meurtri de leurs oreilles, ils se sont assis côte à côte. Ils se connaissaient peut-être, mais ils ne se regardaient pas. Chacun isolé dans son monde, ils balançaient énergiquement la tête au son de rythmes différents et ânonnaient silencieusement les paroles de chansons obscures. On aurait dit deux fous évadés d’un asile burlesque, comme on en voit dans les films. Il y aussi cet autre jeune homme assis seul l’air totalement hilare, la face fendue d’un rire silencieux d’abord, puis qui n’a pas pu s’empêcher de rire fort une fois ou deux jusqu’à ce qu’il réalise qu’il était dans l’autobus et que je le regardais avec un petit sourire en coin.
Et puis il y a la cacophonie, les sons d’heavy métal, de techno, de house et de musique poche tout court, qui s’échappent des écouteurs et se mêlent pour former un espèce de bruit ambiant discordant. Je croyais que le but des écouteurs était de garder POUR SOI la musique qu’on écoute. Bon je sens que je commence à faire vieille tarée qui n’est plus dans le coup alors je m’arrête ici. Mais, si ce phénomène m’a bien fait rigoler sur le coup, je me suis vite demandée à quelles conversations j’allais bien pouvoir prêter une oreille indiscrète dans l’autobus si plus personne ne se parle.