Des images à entendre
Lever la main ceux d'entre vous qui trouvent que la poésie est platte?!
Bon bon¸ça va, je ne vois plus vos doux visages derrière cette barrière de bras tendus. Vous n'êtes pas seuls semble-t-il.
Pourtant, pourtant... j'ai vécu il y a quelques temps des moments de beauté et de grâce qui auraient vite fait de vous faire changer d'idée. Je suis allée avec Loverman au Festival de poésie de 3 Rivières. Institution vénérable qui fêtera son 25e anniversaire l'année prochaine. 25 ANS DE POÉSIE!! quand même, 25 ans d'une affaire que la plupart des gens trouve platte!! je suis épatée. Il faut voir aussi à quel point ce Festival a changé le visage du Centre-Ville de 3Rivières au fil des ans. Parlez-en aux habitants de cette ville.
Mystère!
Et bien je crois que j'ai un peu éclairci ce mystère. À ma grande honte j'avoue que je visitais le Festival pour la première fois cette année. Loverman, fort de son expérience, (il est fan du Festival), m'avait raconté un peu la magie. Des soirées dans les restaurants et les bars à entendre des poètes qui nous disent leurs mots, parfois avec un incommensurable talent et d'autres péniblement, handicapés par la langue qui n'est pas la leur. J'avais le goût.
Il y avait beaucoup de poètes, des stars comme les Claude Beausoleil, Yolande Villemaire et Jean-Paul Daoust (mon idole) d'autres moins connus et tout aussi fascinants (y'en avait aussi des poches évidemment). J'ai été surprise par le grand nombre de poètes Latinos. Plusieurs nous ont lu leurs oeuvres en Espagnol et laissé le soin à d'autres poètes francophones de le redire en français. Double bonheur que celui de se laisser bercer par la musique de la langue et celui de vivre les mots en petites bulles d'images qui éclatent dans le creux de l'oreille. Moment de plaisir intense sur la terrasse arrière d'un bar de motards, amoureux de la poésie autour d'un brasero blottis autour des lettres et des rythmes. Ou encore moment d'émotion intense devant la slameuse Hélène Matte qui chante Lokasa en ingali puis en français une berceuse cristalline. La mère qui chante avec sa fille emmaillotée sur son ventre, sa petite tête qui oscille au mouvement de la voix et ses yeux tout grands ouverts et pleins de joie. Autour de moi, les yeux brillent d'une émotion intense entre les larmes et le rire.
Moments débridés, surréalistes au Zénob (bar), soirée Érotisme et poésie pendant laquelle Jean-Paul Daoust a entraîné les très nombreux participants dans un poème à répondre. Imaginez la scène: Jean-Paul Daoust, dandy splendide en veston blanc qui entraîne tout le monde à répéter VERGE ET VAGIN de multiples fois à la fin de chaque strophe. SURRÉALISTE et intensément réjouissant.
Donc la clé du mystère elle est là, dans l'écoute de la voix du poète. Assis, totalement offerts, laisser la vie des mots se glisser impudiquement en nous. C'est encore et toujours une question de disponibilité d'esprit. Mon grand frère Big Brotha, sa blonde et leur fille de 16 ans nous ont accompagnés et se sont à leur tour totalement laissé happés par le moment, ma nièce qui ne connaît pas la poésie, a eu un coup de foudre pour Hélène Matte et aussi pour un très mignon poète Mexicain.
On pense que c'est platte, que c'est compliqué à comprendre, on a en tête les vieux clichés de poètes qui déclament emphatiques des vers ampoulés et ridicules et on se rend compte, étonnés, que la poésie c'est comme des bonbons sweet and sour pour l'âme.
Si vous avez envie de tâter le terrain je vous suggère Lever du Jour sur Kinshasa, d'Hélène Matte, un livre DVD publié sur Planète Rebelle.
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