lundi, mars 05, 2007

Comment fabriquer un mucisien

Si vous êtes aussi tordus que moi, vous vous êtes peut-être déjà demandés comment devient-on musicien de musique actuelleou plutôt créateur en art audio?

Ben oui quoi, il me semble que nous grandissons à peu près tous dans le même genre d'environnement musical,(pop occidental rock ou country avec un ti peu de classique pis de chanson fronçaiseu) et que la grande majorité d'entre nous sort difficilement des sentiers rebattus en matière de musique. Je pense même que c'est souvent plus facile d'élargir nos horizons en arts plastiques qu'en musique. Alors comment se fait-il que certains musicien deviennent Daniel Lavoie et d'autres.... Érick D'Orion
N'écoutant que mon désir insatiable de renseigner mes fidèles lecteurs, j'ai demandé à L'INTERVENTIONNISTE, de nous présenter cette bibitte étrange, ce musicien qui fait de la musique avec des morceaux de machines, l'artiste international bien connu: ÉRICK D'ORION!


Clache: Cher Interventionniste, pouvez-vous nous raconter un peu le parcours de ce grand génie de la contre-culture:

L'interventionniste: Bien sûr, il me fait d'ailleurs grand plaisir de participer à ce blog génial et de contribuer à nourrir le cerveau avide de ses lecteurs (lecteuses) émérites!

Donc, Érick D'orion a grandit chez sa grand mère avec ses oncles et ses tantes. Milieu super pauvre dans le Bas-St-Laurent/Gaspésie (Mont-Joli): culturellement super pauvre aussi. La musique (le disco et le prog-rock à forte prédominance Pink Floyd-Supertramp) était importante pour les tantes et les oncles: importante dans le sens "on s'achète des disques, on dance, on fume des joints, etc". tous fortement orientés party, comme la plupart des habitants de la région en fait.
Donc musique super importante et party, dis-je.

Déjà adulé à un très jeune âge, Érick DORION est littéralement couvert de cadeaux. Exemple: un tourne-disque Mickey Mouse Disco à l'âge de 5 ans. Les premiers scratchs.
Dans cette omniprésence de la musique, on retrouve une apogée suprême: l'adolescence. Vers 11-12 ans, outre la musique, le cinéma commence à faire triper royalement notre musicien en herbe(herbe!!??). Ciné-répertoire à Radio-Québec tard le soir. tout seul dans sa chambre sur la petite tv.
Et les partys d'adolescences. Son goût pour l'extrême dans tout se développant au même rythme que la conscience de son côté marginal. Et la recherche du maximum en musique. En même temps, le death métal devient super populaire dans sa région: les gros groupes californiens et east-coast viennent jouer dans les patelins avant de jouer à Mtl (même pas Québec!): Death Angel, Morbid Angel, Suffocation, Napalm Death, etc. Donc le tympan se lubrifie.

À partir de là pour Érick D'ORION, c'est la recherche. Recherche difficile puisque notre DORION vit en région éloignée (Et culturellement pauvre ne l'oublions pas) Mais grâce à Musique Plus, il prend contact pour la première fois avec Sonic Youth, et c'est là que son orientation musicale mange une claque: à 15 ans, il trouve ce qu'il cherche! Si on ajoute à ça que pas un chat ne connaissait Sonic Youth dans la région; DORION connait un grand moment de gloire.

Le temps file, en arrivant au Cégep, il s'empresse de faire découvrir Sonic Youth à ses nouveaux amis de party et d'utopie, dont celui avec qui il fera ses premiers pas en exploration sonore et avec qui il a formé Napalm Jazz et le projet duo morceaux_de_machines;Aimé.

Avec son premier versement de bourse d'études au Cégep,il s'achète pour 150$ de cds, parmis lequels: John Coltrane, New thing at Newport. Et vlan! c'est l'univers du free jazz qui lui rentre dedans. du coup, progressivement, il laisse tomber Sonic pour Coltrane, Taylor, Ware, Coleman, etc.

Un jour DORION et Aimé décident d'animer une émission de radio à CKIA qui se nomme...Naplam Jazz. Mélange de Free JAzz, Hip hop (DORION aime le hip hop), électronique et poésie. À l'origine l'émission est assez traditionnelle, dans le sens qu'on y diffuse de la musique sur disque et qu'on y lit des trucs. bon, plutôt assez éclaté, mais conforme. Les animateurs achetent beaucoup de cds et ont une entente avec la boutique Le Sillon, qui leur prête chaque semaine un nouveau cd. C'est là qu'ils découvrent John Zorn, la musique actuelle, et un peu plus de free.
Et un soir de la St-Jean, soir où il y a eu une énorme émeute, DORION, Aimé et des amis sont à la station de radio pour l'émission, et c'est là que, sous l'effet de l'alcool et du pot les choses dérapent; ils mettent 2 cd en même temps. Et hop! quelqu'un commence à crier dans un micro! Et vlan! Aimé scratch un disque! Et DORION et lui commence à jammer. Et c'est comme ça que Napalm Jazz est devenue leur
tremplin d'exploration audio pendant 5 ans!!! à tous les dimanches, entre 2 et 4 heures d'impros libres, de moins en moins de structures, et leur langage s'est développé. l'Ami Philémon se joint à eux, et Napalm JAzz devient un trio qui vit à l'extérieur de l'émission.

Puis c'est la création d'un projet purement électronqiue en duo; morceaux_de_machines.Et le déménagement des gars à Montréal.
Et les premiers shows (après 5 ans de pratique sans prestations sur scène!).
Et une semaine de résidence de morceaux_de_machines à Avatar.
Et la sortie du premier album.
et.
Depuis deux ans, Érick d'Orion explore de plus en plus en solo des concepts en art audio qui le rapproche de ses études en histoire de l'art...


Merci cher Interventionniste de nous avoir si bien illustré la genèse de l'Ârtisse